CIELS BATTUS, tout marqués d’ecchymoses : le bleu, dans ses peintures de jour est la couleur de Michel Joulé. Mais non le noir, qui n’est pour lui qu’une gestuelle (une discipline, si l’on préfère).
Dans les vapeurs d’essence, les miasmes de l’atelier,
les exercices respiratoires de Michel Joulé.

Il y a le noir du mécontent, c’est le noir de Michaux,
« du refuseur, du négateur».
Le noir lucide, qui est lumière et violence de la lumière, c’est le noir de Soulages.
Les noirs toujours un peu gouailleurs d’Alechinsky…

Et toutes ces nuits où « lentement une veilleuse s’allume », les noirs de
La Tour qui, dans l’histoire de la peinture,
« est le seul interprète, dit Malraux, de la part sereine des ténèbres »…

Il n’est pas une seule de ces références qui convienne à Michel Joulé.
Ni hurlements chez lui, ni ricanements, ni humeur coléreuse.
Nulles Leçons de Ténèbres non plus. Aucun mysticisme.
Pas un mot de prière. Pas de bruit d’ailleurs. Pas le moindre chuchotement.

À peine un léger murmure. Un souffle plutôt. Écoutez…

C’est la nuit qui respire.

philippe BONNEFIS
Études peintes sur papier. Format : 50 x 65 cm